Nebeut a dra (suite)

Publié le par Jenig

suite et partie 2/3

suite et partie 2/3

  Après un instant de silence,la langue de Soizig se remit en route, car elle avait une idée.

   - Bon dit-elle, puisque on n'arrive pas à s'entendre, Paskolig, voici le mieux qu'on puisse faire: celui de nous qui parlera en premier, qui dira le premier mot, celui-là lavera les assiettes et débarrassera la table, pas seulement ce soir, pas une fois ni deux fois, mais pour toujours, aussi souvent de fois qu'il faudra le faire.

  - C'est d'accord, dit Paskolig. Tu es prête? Alors on commence!

   Et à partir de là , il n'y eut plus un mot entre eux. Soizig ne traîna pas pour dire et boucler sa Prière et monter dans le lit-clos. Paskolig, lui, fit d'abord un petit tour dehors, pour...voir la nuit , avant d'aller s'allonger à côté de sa vieille. Mais aucun d'eux n'osa prononcer le moindre mot, de crainte d'avoir chaque soir les choses à débarrasser de dessus la table...

  Le lendemain, c'était dimanche: les deux époux restèrent faire la grasse matinée. Le soleil était haut et ils étaient encore "à nourrir les puces"*1 sous leur couette de bale... Cependant les gens, la grand-messe finie, en passant devant la maison des dormeurs, s'étonnèrent de voir encore closes porte et fenêtre.

  Tin Vras, ou le maître de Lantiked ( je ne me souviens plus très bien car je deviens amnésique en prenant de l'âge) poussa d'abord sur la porte; et aucune voix ne répondit à l'intérieur de la maison.

  - Forçons la porte, dit Kolaig Muzelleg, et allons voir dedans!

  - Non,non, cent fois non, dit Gaidou ar Gapenn, par la fenêtre c'est mieux pour aller dedans!

 En l'entendant, Jazez Tort, tailleur(.............*2), un grand escogriffe sur ses deux jambes, leva le bras droit et à coups de sabot, brisa la vitre de la fenêtre. Aussitôt Noun Lopez et Yann Cheulk, deux meuniers, montèrent à califourchon sur la fenêtre, sautèrent dans la maison  et ouvrirent la porte de l'intérieur.

  Aussi vite le local était plein plein de gens. Se trouvaient là, en plus de ceux que j'ai nommés, Lan Gabouig et Lomig C'hoarzhato; Maoutig Kernoc'h, Monsieur C'hwezhfall*3 du manoir d'Avaloù douar*4, avec ses deux filles, Che  et Moumoutig, Kazel- ouzh-Kazel; Gabriel et Vinsant Pibenn, le soleil chaud avec eux*5; Et moi je sais qui d'autre encore!

  Et que pensez-vous qu'ils virent dans la maison? Les deux propriétaires dans leur lit: Soizig tournée vers la cloison, et Paolig dont la tête était bien cachée sous le drap.

   - Quoi, ils sont morts ? dit Lomig c'hoarzhato.

  Paskolig reposa sa tête de dessous les couvertures, et Soizig se retourna , le regard noir.

   - Ils sont encore vivants, s'exclamèrent-ils tous, puisqu'ils ils bougent.

  Jakez Tort, le tailleur.(..............*1), éleva la voix:

   -  Décidément, les mollusques, est-ce qu'il n'est pas temps encore de vous extraire de là? Répondez-nous, Vous n'avez pas honte  de rester aussi longtemps à fatiguer ainsi affalés? "Satornalik et pluskderv"*6! Dites-nous quelquechose au lieu d'écarquiller aussi bizarrement vos yeux, comme si vous cherchiez à avaler chacun de nous, l'un après l'autre!...

   Dedans le lit clos, ,personne ne desserra les dents.

  - Ja...Ja...Jamais autant! dit Lan Gabouig qui était bèque et bafouillait un peu. Chi...Chi...chaka  tonnerre! Què...qu'est-ce qui vous arrive?

   Che, la fille du sieur C'hwezfall éclata de rire tellement que retentirent avec elle les écuelles, cuillères et couverts sur la table.

 - Ce n'est pas étonnant, dit-elle entre deux fou-rires, ils ont mal au ventre pour avoir mangé trop de bouillie d'avoine au souper: voici là leurs restes sur la table.

Tout le monde rit à sa suite, mais Pascalig ne fit rien malgré çà, pas plus que Soizig, et voilà que tous prennent peur:

   suite & fin demain, marteze/peut-ëtre

1-roupiller; mais l'expression bretonne est si amusante!

2-Kemener laer an Ti-All: je n'arrive pas à traduire.kemener=tailleur; laer:voleur; an Ti-All=de l'autre maison-(mais avec majuscules??)-

3-c'hwezfall: sent mauvais.

4-Pommes de terre.Peut-être que les autres noms propres cachent des jeux de mots qui m'échappent !!

5-probablement qu'  "ils avaient chaud aux oreilles", ayant forcé sur le cidre?

6- jurons??

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G
Extra!!, cela vaut la peine de connaitre le Breton, et de découvrir ainsi plein de textes amusants, colorés, dont on ne trouve pas l'équivalent dans la langue française; vous devez bien vous amuser...
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J
C'est vrai; une vraie récompense.